Valorisation énergétique des déchets : une ressource d’avenir pour une économie circulaire

Un expert en combinaison de protection analyse des déchets sur un site d’enfouissement dans le cadre d’un projet de valorisation énergétique.

Face à l’explosion des volumes de déchets ménagers, industriels et organiques, la valorisation énergétique s’impose comme une solution stratégique pour conjuguer gestion responsable des déchets et production d’énergie. En France, où chaque habitant génère environ 350 kilos de déchets par an (ADEME), cette filière en pleine structuration contribue à réduire notre dépendance aux énergies fossiles tout en favorisant une économie circulaire.

La valorisation énergétique consiste à transformer les déchets non recyclables en chaleur, électricité ou biogaz. Elle repose sur des procédés maîtrisés comme l’incinération avec récupération d’énergie, la méthanisation ou encore la gazéification. L’objectif : extraire un maximum de potentiel énergétique des déchets ultimes, ceux qui n’ont plus vocation à être réemployés, et limiter drastiquement l’enfouissement. Le point sur le sujet avec Jean Fixot de Chimirec !

Un processus en cinq étapes, du tri à la combustion

Tout commence par une collecte rigoureuse. Les déchets sont triés, préparés, parfois broyés, séchés ou homogénéisés afin de devenir des combustibles à fort pouvoir calorifique. Certains sont transformés en CSR (Combustibles solides de récupération) ou en CSE (Combustibles de substitution énergétique), très prisés dans les industries lourdes comme les cimenteries.

Vient ensuite la transformation proprement dite : incinération avec récupération d’énergie, fermentation anaérobie pour les biodéchets (méthanisation), ou traitement thermochimique comme la pyrolyse. L’énergie générée est alors redistribuée sous forme de vapeur, de courant électrique ou de biogaz.

La chaleur peut être injectée dans des réseaux urbains ou utilisée pour alimenter des procédés industriels, tandis que le biogaz peut, une fois purifié, remplacer le gaz naturel. Quant aux résidus, comme les cendres, ils trouvent parfois une seconde vie dans les travaux publics.

Chimirec, acteur clé de la transformation des déchets en énergie

Parmi les entreprises en pointe sur cette filière, Chimirec se distingue par ses innovations. Spécialisée dans la collecte et le traitement des déchets issus notamment de l’automobile, l’entreprise a récemment inauguré à Javené (Ille-et-Vilaine) une nouvelle unité dédiée à la production de combustibles de substitution. Cette infrastructure, qui valorise jusqu’à 20 000 tonnes de déchets par an, a nécessité un investissement de 3,5 millions d’euros. Elle permettrait, à elle seule, d’économiser 8 000 tonnes équivalent pétrole.

Les déchets traités sont variés : boues industrielles, hydrocarbures, résidus de peinture ou encore emballages souillés. Autant de matières qui, une fois broyées, criblées, séchées et débarrassées de leurs composants métalliques, rejoignent la filière des combustibles de substitution à usage industriel. Ce processus complexe garantit un fort pouvoir calorifique, indispensable pour des secteurs comme la cimenterie, seuls habilités à utiliser ce type de combustibles.

Un levier énergétique stratégique, mais exigeant

La valorisation énergétique ne prétend pas remplacer le recyclage ou la réduction à la source, mais elle complète intelligemment la hiérarchie des modes de traitement. Elle permet à des déchets orphelins de filière de ne pas finir en décharge et contribue à la sécurité énergétique dans un contexte de tensions géopolitiques et de flambée des prix du gaz.

Mais la filière n’est pas exempte de défis. D’une part, le respect strict des normes environnementales s’impose, notamment pour limiter les émissions polluantes lors des processus thermiques. D’autre part, elle exige des installations performantes, des contrôles rigoureux de la composition chimique des déchets, et une montée en compétence des acteurs locaux.

À Javené, l’entreprise Chimirec incarne cette exigence de professionnalisation. « Transformer un déchet en combustible, c’est un vrai métier », résume-t-on au sein du groupe, qui emploie aujourd’hui près de 1 000 personnes et étend son savoir-faire à l’international, notamment en Turquie, en Arabie saoudite et en Pologne.

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